Note IPP n°15
Décembre 2014
Auteur : Thomas Breda, Son-Thierry Ly
Contacts: thomas.breda@ipp.eu, stly@pse.ens.fr
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Les filles sont-elles discriminées en science ? Les enseignement du concours d’entrée à l’ENS
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Résumé:
Les stéréotypes et les normes sociales poussent les filles à s’orienter vers des études littéraires plutôt que scientifiques. L’objet de cette note IPP est d’examiner dans quelle mesure les professeurs sont susceptibles de renforcer cette auto-sélection en discriminant les jeunes femmes qui tentent d’intégrer les disciplines dominées par les hommes. En utilisant le concours d’entrée de l’École normale supérieure de Paris comme une « expérience naturelle », nous montrons que c’est en réalité le phénomène inverse qui est à l’œuvre. La discrimination s’exerce au bénéfice des filles dans les disciplines traditionnellement dominées par les hommes (mathématiques ou philosophie, par exemple), alors qu’elle joue en faveur des garçons dans les matières réputées plus « féminines » (biologie ou littérature), réduisant ainsi légèrement la ségrégation de genre entre disciplines. La tendance des examinateurs à discriminer les candidats en fonction de leur sexe est identifiée à partir des différences entre les résultats aux épreuves écrites anonymes (qui neutralisent la discrimination de genre) et aux épreuves orales (où le sexe des candidats est connu des examinateurs). Cette discrimination va à l’encontre des stéréotypes de genre. Elle est susceptible de s’expliquer par le fait que les examinateurs tentent d’aider – consciemment ou inconsciemment – le sexe en minorité dans leur discipline. Ces résultats suggèrent que les filles peuvent s’engager dans les filières d’études traditionnellement réservées aux hommes sans craindre d’y être discriminées.
Points clés:
- Les filles sont sous-représentées en sciences dures, et les causes de ce phénomène persistant restent mal connues.
- Cette étude exploite le concours de l’ENS, en comparant les résultats aux épreuves écrites anonymes et aux épreuves orales, pour évaluer dans quelle mesure la discrimination à l’encontre des filles participe à expliquer leur sous-représentation dans les disciplines scientifiques.
- L’étude montre que les filles sont avantagées à l’oral au concours d’entrée à l’ENS dans les matières les plus dominées par les hommes (mathématiques, physique, philosophie). Le phénomène inverse s’observe dans les disciplines les moins dominées par les hommes où ce sont les garçons qui sont avantagés.
- Ces résultats révèlent que les jeunes femmes ne sont pas nécessairement discriminées lorsqu’elles tentent d’intégrer les disciplines traditionnellement dominées par les hommes.
Reprises médias
- Le Monde, « A l’oral de Normale Sup, les clichés de genre influent sur la notation » par Benoît Floc’h – 16 décembre 2014
- Le Monde – les Décodeurs, « A Normale ou en 6e, les filles sont mieux notées en sciences que les garçons » par Mathilde Damgé – 16 décembre 2014
- RMC – les Décodeurs du Monde / Education, « Les filles sont-elles moins bien notées que les garçons en mathématiques ? » – 17 décembre 2014
- 20 Minutes « Épreuves scientifiques: les profs notent mieux les filles que les garçons » – 18 décembre 2014
- Le Figaro – Etudiant « À l’entrée de Normale Sup, les filles favorisées dans les disciplines «masculines» » par Julie-Anne De Queiroz – 19 décembre 2014
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